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Un homme seul, aveugle, engoncé dans sa nuit, retrace le parcours de son existence, toujours accompagnée par la pensée du suicide. Enfant, il est pris dans des querelles infernales entre un père peintre raté, velléitaire, qui regarde son fils “grandir comme on regarde grossir une tumeur”, et une mère, avide de richesse et de pouvoir, castratrice épouvantable. C’est dans ce quotidien meurtri, scandé par les humiliations et les déceptions, que le narrateur rencontre le rêve et la sagesse, une ancienne maîtresse de son père, recluse au bord de la mer, qu’il baptise Forever, et qui va marquer sa vie d’une indélébile empreinte. “Elle était l’Initiatrice, la Mère, l’Amante interdite, l’éternelle Passante” ; une fée qui se suicide quelques années plus tard et que le narrateur n’a de cesse de chercher, jusqu’à son suicide manqué, qui lui coûte la vue, jusqu’à la rencontre de Vega, lectrice des oeuvres léguées par Forever, douce et sensuelle Vega, une autre fée, une autre lumière, une nouvelle aube en somme. Sur un ton qui se partage entre la torpeur, la confession morne et une suave mélancolie, servi par une phrase lisse et sûre, Les Aubes est le récit aux accents gidiens d’un héritage lourd, tragiquement accroché au passé, l’histoire d’un naufragé, épuisé dans sa solitude, mu par une sincérité morbide, arrimé à l’image d’une bonne dame, oscillant longtemps entre la mort et le deuil, un fantôme et le suicide. –Céline Darner